Comment nos partenaires assurent-ils l’accès à l’information des enfants en situation de rue en cette période de pandémie ?

La Journée Internationale des enfants en situation de rue est marquée, cette année, par la pandémie de coronavirus. Souvent, les enfants en situation de rue n’ont pas d’alternatives sûres aux espaces publics où ils sont davantage exposés aux dangers du COVID-19, au contact des autres enfants et des adultes qu’ils croisent au quotidien. C’est pourquoi ils doivent disposer, de toute urgence, d’espaces sûrs pour s’auto-isoler, d’un accès aux services essentiels à leur survie et celle des autres enfants (nourriture, eau, soins de santé et d’hygiène) mais également d’un accès à l’information.

L’information, au même titre que les produits de première nécessité et le logement, est essentielle pour permettre aux jeunes de savoir comment se protéger et où aller pour se soigner ou obtenir de l’aide.

Le coronavirus effraye déjà ceux qui possèdent l’information. Qu’en est-il alors de ceux qui en sont dépourvus ? Rémy Mafu, coordonnateur du REEJER, en République Démocratique du Congo nous alerte sur cette réalité à laquelle les enfants en situation de rue sont confrontés : « Tous ses enfants ne suivent pas la radio ni la télé. Comment ils peuvent avoir l’information ? ». Leur principale source d’information réside bien souvent dans le « bouche à oreille ». Par conséquent, les informations qu’ils possèdent peuvent être fausses ou insuffisantes, provoquant angoisse et stress qui viennent aggraver leur état psychologique, souvent déjà dégradé.

A Ségou, au Mali, notre partenaire Action Enfants de tous (AET) Ségou nous rapporte les paroles d’un enfant en situation de rue, témoignant de l’importance de l’information :

« Je pense que cette maladie est la plus pire des maladies que je n’ai jamais vu de ma vie.  Au vu de ce je vois et entends à travers les chaines de télévision, je dirais que c’est plus qu’une guerre des armées car je ne pouvais pas imaginer qu’une telle maladie pouvait tuer tant de personnes en 24h seulement. »

Un autre jeune, quant à lui déjà accueilli dans un foyer d’hébergement, témoigne également de son angoisse et comment les travailleurs sociaux sont parvenus à apaiser ses craintes :

« Le premier jour où j’ai entendu parler du Covid-19, surtout la façon dont ça tue, j’ai eu l’idée de m’enfuir pour aller chez mes parents au Burkina Faso. Mais quand j’ai eu l’écho que ça tue déjà là-bas j’étais angoissé. 

Les éducateurs nous rassuraient […] et nous invitaient de respecter les mesures d’hygiène demandées. Se laver les mains tout le temps, porter des masques, utiliser les gels hydro-alcooliques ou rester enfermés au foyer, c’était vraiment étranger pour moi […] J’ai eu l’impression d’être en prison, mais à la fin j’ai compris qu’aujourd’hui j’ai la plus grande chance d’être en sécurité par rapport à d’autres enfants qui sont restés dans la rue. »

Ces témoignages rappellent l’urgence d’expliquer aux jeunes le virus et de les rassurer pour mieux les protéger. Les travailleurs sociaux, partout dans le monde, s’organisent pour expliquer ce qu’est le COVID-19 aux jeunes, en adoptant une démarche ludique et pédagogique. Depuis l’Afrique, nos partenaires ne manquent pas à cette mobilisation et se démènent pour accomplir au mieux cette mission.

A titre d’exemple, en République Démocratique du Congo, notre partenaire, le REEJER, a choisi de demander aux enfants de retranscrire en dessin leurs connaissances sur le coronavirus et les gestes à adopter pour s’en protéger. Les enfants accompagnent leurs dessins de notes. L’un d’eux écrit : « Protégeons-nous en se lavant les mains. En cas de fièvre ou de toux, rendons-nous à l’hôpital pour une prise en charge médicale ». Des exposés ont aussi été réalisés par et pour les jeunes, afin de les sensibiliser sur des thèmes tels que le confinement ou comment bien se laver les mains. Enfin, notre partenaire veille à assurer la sensibilisation en milieu ouvert, directement dans la rue, afin de communiquer avec ceux qui ne peuvent pas suffisamment s’informer.

A Madagascar, au centre NRJ, les jeunes transmettent leurs connaissances sur le virus à travers des exposés. Les jeunes sont, par ailleurs, impliqués dans l’actualité puisque le centre a pris l’habitude de suivre le compte-rendu du gouvernement qui se déroule tous les jours à 13h, puis de former des groupes de travail pour évaluer leur compréhension.  

Nous souhaitons donc profiter de la campagne pour la Journée Internationale des droits des enfants en situation de rue pour inciter les gouvernements à fournir des informations et des conseils faciles d’accès et compréhensibles pour les enfants et les jeunes en situation de rue, y compris ceux qui ne savent pas lire. La poursuite des actions de sensibilisation en milieu ouvert menées par les associations doit, de leur côté, être assurée en dépit des restrictions de déplacement mises en place. La sensibilisation est au cœur de la lutte contre le Covid-19 et ne doit pas être négligée en privant les personnes déjà vulnérables d’y accéder.

 

Retrouvez plus de témoignages, dessins, photos et vidéos sur notre twitter : https://twitter.com/Apprentis_FAAI