L’accompagnement quotidien des enfants en situation de rue – pour un accès aux droits fondamentaux

Célébrée chaque 20 novembre, la Journée mondiale de l’enfance représente l’occasion unique de promouvoir les droits de l’enfant. C’est surtout l’opportunité de transformer ces droits édictés par la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) en actes concrets en faveur des enfants ! Nous profitons de cette journée pour partager le travail d’accompagnement quotidien des enfants en situation de rue que nos partenaires locaux effectuent. L’association Qosqo Maki, notre partenaire au Pérou et Caritas Ségou au Mali, témoignent des expériences de vie des enfants en situation de rue, des défis pour la réalisation de leurs droits fondamentaux et leur réinsertion sociale.

 

Les jeunes en situation de rue – du Mali au Pérou

La rue devient le lieu de vie des enfants en situation de vulnérabilité pour diverses raisons. La pauvreté et la violence intra-familiale et sont les causes les plus répandues où les jeunes n’ont d’autres choix que de quitter le foyer familial. Bien souvent, la rue représente la seule opportunité de refuge et de survie pour ces jeunes défavorisés. C’est notamment le cas des enfants dits « talibés » au Mali. Comme l’explique l’Abbé Robert DIARRA, Coordinateur de Caritas Ségou, ces enfants sont confiés par leurs familles (souvent pauvres) à des maîtres pour suivre un enseignement religieux. Si la formation comprend l’hébergement, les enfants doivent assurer leurs propres repas ainsi que ceux de leurs enseignants. Ainsi, ces enfants sont envoyés dans la rue, mendient afin de récolter de l’argent.

Au Pérou, Qosqo Maki accueille principalement des jeunes adolescents en quête d’indépendance financière et à la recherche d’un travail. Selon Apolline De Lavarde, la coordinatrice de l’association, « beaucoup de jeunes sont exposés et tentés par le vice du siècle : internet, les jeux vidéo en ligne. Une grande partie des jeunes usagers du dortoir se laissent emporter et beaucoup dépensent leurs petits revenus dans les boutiques internet ». Les jeunes sont alors pris dans un cercle vicieux où la rue est leur seule réponse possible en termes d’hébergement et d’opportunités de travail. En effet, au Pérou, il n’existe pas de formation professionnelle pour ces jeunes n’ayant pas atteint un niveau d’étude secondaire. Il s’agit d’une formation de longue durée qu’une grande partie des jeunes abandonnent en raison du niveau de discipline exigé et pour des raisons économiques, n’arrivant pas à concilier le travail et leur cursus scolaire. Apolline De Lavarde estime qu’une formation professionnelle avec des prérequis moins élevés et accessibles aux mineurs serait un point clé afin de faciliter la réinsertion des jeunes.

 

La rue, une situation qui prive les enfants de leurs droits

Ainsi, la situation de rue implique une privation en termes de droits fondamentaux, comme le droit à l’éducation (art. 28). Au Mali, « ce n’est pas l’enfant seul qui va s’inscrire à l’école mais c’est son parent, un tuteur ou l’Etat qui peut inscrire cet enfant. Mais du moment qu’ils sont dans la rue, personne ne s’en occupe et ces enfants ne peuvent pas aller à l’école ». L’Abbé Robert DIARRA déplore une double privation dans la mesure où ces enfants ne sont plus en famille, ils sont non seulement privé d’une éducation scolaire mais également de l’éducation familiale.

Le manque d’accès à l’éducation expose les enfants aux risques d’exploitation. En effet, Qosqo Maki accueille souvent des jeunes en emploi qui sont victimes d’abus et d’exploitation de la part de leurs employeurs. Cette situation est renforcée par le manque de qualification des jeunes, privés de leur droit à être protégés contre toute forme d’exploitation économique (art. 23).

 

Un accompagnement global : des droits fondamentaux à l’insertion socio-professionnelle

Si la CIDE contraint les Etats signataires à veiller à la protection des enfants, dans de nombreux pays, ce sont encore trop souvent les associations qui se chargent d’accompagner les enfants en situation de rue et de leur permettre d’accéder à leurs droits fondamentaux. Au Mali, notre partenaire réalise un travail d’accueil, d’orientation jusqu’à l’accompagnent éducatif des jeunes. Afin d’entrer en contact avec les enfants, Caritas Ségou organise des « tournées des rues », de jour comme de nuit. Quand le retour en famille est impossible, nos partenaires proposent un hébergement aux jeunes où leurs besoins primaires sont pris en charge. Il s’agit avant toute chose, d’assurer la réalisation des droits fondamentaux en permettant un accès à la santé (art.3, art. 24), à des repas (art. 27) et d’assurer la sécurité des enfants (art.2, art 32.).

Dans un deuxième temps, Caritas Ségou offre un accompagnement psychosocial et un suivi éducatif en foyer et veille à l’inscription des enfants à l’école ou à une formation professionnelle. Quant à l’association Qosqo Maki, elle organise des ateliers de formation en boulangerie et en menuiserie afin de permettre aux jeunes d’acquérir des compétences et un savoir-être nécessaires à leur insertion professionnelle.

Apolline de Lavarde explique l’importance d’inclure les jeunes dans la gestion du lieu d’accueil dans le but de valoriser leur parole, favoriser leur développement personnel et « développer un esprit critique qui leur permettra d’identifier quand leurs droits sont bafoués ». Au travers d’ateliers et d’activités ouvertes aux jeunes accueillis comme aux adultes du quartier, Qosqo Maki participe à la dé-stigmatisation des jeunes en situation de rue et au lien social, tout en sensibilisant le grand public aux droits de l’enfant.

 

L’accès à la formation professionnelle et la sensibilisation aux droits est centrale afin de protéger les jeunes en situation de rue contre toutes atteintes à leurs droits et de garantir une réinsertion socio-économique réussie.