Comme dans beaucoup de pays d’Afrique centrale, la problématique des enfants en situation de rue au Cameroun est préoccupante. Faute de moyens, la prise en charge de ces jeunes est souvent jugée insuffisante par les acteurs de la société civile, en particulier face aux situations difficiles et aux mauvais traitements auxquels ils sont exposés. Afin d’aider à les protéger et à défendre leurs droits, notre partenaire la Chaîne des Foyers de Saint-Nicodème (CFSN) a mis en place plusieurs dispositifs d’accueil et de réinsertion de la jeunesse camerounaise.
La problématique des mineurs incarcérés
L’un de ces dispositifs vise à soutenir le centre agricole PK24, un foyer de réinsertion socio-professionnelle et familiale pour les jeunes sortant de la rue ou de la prison de Douala. En effet, beaucoup d’entre eux sont interpellés par les forces de l’ordre pour des petits délits (violences, drogues, vandalisme) ou parfois pour seul motif de vagabondage. La consommation d’alcool ou de drogues est un problème récurrent chez ces jeunes, souvent utilisée comme moyen de supporter les violences et traumatismes qu’ils ont pu subir.
En raison de la saturation des tribunaux, les jeunes sont la plupart du temps détenus de façon préventive et passent plusieurs mois au sein des établissements carcéraux avant de pouvoir obtenir un jugement. La surpopulation des prisons les confronte à de nombreuses difficultés comme les violences ou la sous-alimentation. De plus, la majorité de l’infrastructure de la prison de Douala est peu adaptée et expose les détenus à la pluie et au froid. Cette situation suscite un certain nombre d’inquiétudes chez notre partenaire local.
Un service adapté à la situation
Pour répondre à cette problématique, la CFSN a mis en place un service d’action éducative en milieu ouvert qui vient au contact des jeunes au sein des prisons. Deux fois par semaine, des professionnels de l’association se rendent sur place pour offrir aux enfants divers services d’assistance. Cela inclut des soutiens scolaires, des suivis médicaux, des séances de sensibilisation ainsi que l’accès à des produits d'hygiène et des vêtements. Le but principal est de veiller à ce que leurs droits soient respectés et de travailler à leur réinsertion familiale dans l’optique de leur sortie de prison, même si le contact entre les jeunes et les parents peut s’avérer compliqué. Si cela n’est pas possible, le foyer PK24 peut les accueillir au sein de leur structure afin de leur permettre une réinsertion socio-professionnelle.
Le centre agricole PK24
Le centre de stabilisation de PK24 compte actuellement une trentaine de jeunes en parcours d’insertion. Il s’agit principalement d’enfants ayant vécu dans les rues de Douala ou de jeunes ayant fui le nord du pays à cause de conflits. Les jeunes sont hébergés, nourris, scolarisés ou placés en formation professionnelle au sein du centre Nyllon-Brazzaville, faisant partie intégrante du projet. Ils bénéficient également d’un soutien scolaire supplémentaire dispensé à l’intérieur du centre. L’objectif est de leur permettre de s’investir dans les activités agropastorales de la ferme : la pisciculture, la porcherie, l’aviculture, la culture maraichère, la bananeraie et la palmeraie. Le projet comprend aussi un volet socio-éducatif avec la mise en place de discussions pédagogiques englobant différents sujets tels que l’hygiène, la santé physique et sexuelle. En complément, les jeunes participent à diverses activités ludiques dont des jeux ou des activités sportives. Même si par la suite, peu de jeunes décident de débuter dans une formation professionnelle dans l’agriculture notamment pour des raisons de viabilité économique, ils jugent généralement avoir acquis beaucoup de compétences durant leur séjour au centre. Ainsi, ils développent leur apprentissage de la rigueur, du travail en équipe et du soin à apporter à la nature.
Le projet du centre PK24 fait aussi partie de notre nouveau programme ADAC, un programme de plus grande envergure réunissant nos différentes actions dédiées aux enfants en situation de rue en Afrique centrale. Nous nous réjouissons de continuer à soutenir nos partenaires dans leurs activités de terrain, œuvrant à la protection de la jeunesse et à la défense de ses droits.