Jeunes femmes au Centre New Bell, atelier sur l’alimentation dans le cadre du challenge solidaire, Cameroun © CFSN

Sensibiliser pour mieux réinsérer : l’expérience des filles en situation de rue à Douala

Au Cameroun, les facteurs comme la croissance démographique, le manque d'infrastructures et l'insuffisance des actions des pouvoirs publics accentuent la pauvreté sociale et économique des populations locales. Nyalla, un quartier de Douala, compte de nombreuses jeunes filles provenant de milieux ruraux et défavorisés qui ne vivent pas avec leurs familles. En situation d’isolement et faute de moyens, beaucoup d’entre elles se retrouvent en situation de rue. On note par exemple une augmentation du risque de prostitution, qu’elle soit forcée ou par dépit, les exposant à de nombreux dangers comme des traumatismes, des grossesses non-désirées, ou encore des maladies.

Pour remédier à ce phénomène, nous soutenons avec notre partenaire la Chaîne des foyers Saint-Nicodème (CFSN) les jeunes filles en situation de rue grâce au centre d’accueil de jour “New-Bell” et au centre de formation professionnelle “Arts and Style”. Via ces deux dispositifs, elles sont prises en charge jusqu’à leur autonomisation sociale et financière.

L’importance des activités de sensibilisation

Pour assurer la pérennité de la réinsertion des jeunes filles et renforcer leur protection, des campagnes de sensibilisation sont menées.

Les jeunes filles prises en charge sont sensibilisées à des sujets fondamentaux pour leur protection et la préservation de leur bien-être : la sexualité, l'hygiène, la santé, l'accès à leurs droits ou encore les dangers de la rue. Des causeries éducatives ont lieu 4 fois par mois au sein du centre de jour, et permettent aux jeunes filles d’échanger autour de ces problématiques. Des maraudes hebdomadaires sont également réalisées dans la rue permettant d’identifier de nouvelles jeunes filles qui auraient besoin d’être accompagnées.

Afin d’assurer un cadre de vie stable aux jeunes filles à la sortie du centre, notre partenaire local convie également leurs proches – retrouvés à l’aide d’enquêtes sociales – à des sessions de sensibilisation. L’objectif est d’insister sur l’importance du rôle de la famille dans l’éducation et la formation des jeunes, ainsi que de prévenir de nouvelles situations de rupture.

Une participation communautaire est aussi encouragée par l’implication des entreprises locales dans le processus de réinsertion, permettant d’offrir aux jeunes filles des opportunités de stage et contribuant ainsi à leur insertion professionnelle.

Enfin, la sensibilisation des autorités locales fait partie intégrante des activités de notre partenaire : cela permet de les informer de la situation des enfants en situation de rue et des mesures préventives à disposition pour assurer leur responsabilité de protection.

Une réinsertion en étapes et un suivi de long terme

Nous proposons un accompagnement en plusieurs étapes. D’abord, le centre de formation de Nyalla propose trois voies d’apprentissage : la couture, la coiffure et l’esthétique, dont le choix incombe aux jeunes filles à l’issue d’une pré-formation de trois mois. Puis, celles-ci bénéficient par la suite de stages professionnalisants. À cette étape, elles peuvent choisir entre la voie salariale et entrepreneuriale. Si elles choisissent de lancer leur propre activité économique, elles ont la possibilité d’être soutenues financièrement et matériellement pour assurer la viabilité de leur entreprise.

Enfin, la spécificité de l’accompagnement se caractérise par le suivi de long terme, qui se poursuit bien après leur passage au centre. Si des visites hebdomadaires sont organisées durant la formation, un accompagnement est maintenu durant plusieurs années après l’obtention de leur diplôme. Cela est notamment rendu possible grâce au réseau professionnel de femmes ayant été soutenues par le centre de Nyalla, car les anciennes bénéficiaires offrent fréquemment des places de stage aux jeunes filles encore au centre. 

« Je suis une jeune fille âgée de 17 ans, je suis reconnaissante car vous m’avez donné l’occasion d’être une solution pour ma famille et mon pays. Je suis reconnaissante de l’épanouissement que vous avez apporté dans ma vie, me permettant, moi, une jeune fille de la basse classe, d’accomplir mon rêve d’être une entrepreneure. » Jeune fille en 3e année, filière couture.