Le 20 novembre de chaque année, nous célébrons la Journée Internationale des droits de l’enfant. Comme tous les autres, les enfants en situation de rue ont des droits. Pourtant, ils sont bien trop souvent victimes de stigmatisation, de discriminations ou encore de violences. En cette Journée internationale, nous leur donnons la parole : découvrez le témoignage d’Erick, ce jeune péruvien soutenu par notre partenaire Qosqo Maki, venu témoigner aux Nations-Unies à Genève
De ses quelques jours passés à Genève, en partie au Palais Wilson, siège du Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies, Erick, 17 ans, n'en revient toujours pas. Et pour cause ! Il y a quelques années encore, il survivait dans les rues de Cusco. « Moi, le rebelle, ma mère décédée, mon père vivant dans la partie amazonienne du Pérou, renvoyé de l'école et d'un premier centre pour mineurs, fâché avec ma sœur, je n'avais pas grand espoir, confie-t-il. Heureusement, Qosqo Maki m'a bien accueilli. J’aime cette association car, même si je dois respecter un emploi du temps très précis, je me sens libre et respecté. Et j'apprends le métier de boulanger. Le 16 septembre, j'étais très honoré de représenter les enfants en situation de rue aux Nations Unies et de parler de notre quotidien, de nos difficultés, de nos espoirs aussi. De choses essentielles pour que nous ne nous sentions pas oubliés et que nous puissions nous insérer dans la société et construire notre avenir comme n'importe quel autre jeune. »
« Notre association met tout en œuvre pour améliorer les conditions de vie des enfants et des adolescents qui travaillent et survivent dans la rue, explique Jorge Roldan del Solar, éducateur et chef d'équipe de l’association péruvienne Qosqo Maki. Nous leur offrons, en premier, un lieu d’accueil et d’hébergement. Au quotidien, ils participent à des ateliers de soutien scolaire, théâtre, sensibilisation aux droits de l'enfant, s'initient aux métiers de menuisier, boulanger, barista. Nous leur apprenons à gérer une caisse commune, les incitons à échanger avec d'autres jeunes et adultes du quartier, à rencontrer des touristes intéressés par ce projet social et solidaire. Et, en fonction de leurs capacités, de leurs talents et de leurs compétences, nous élaborons, avec eux, un projet de vie. Avant de les accompagner sur le chemin de la citoyenneté, des responsabilités et de l’autonomie. Pour qu'ils prennent conscience de leurs droits, de leurs devoirs, de leur liberté d’expression et de leur pouvoir d’agir. »
Le 16 septembre, leur rapport en main, Erick et Jorge ont redit aux diplomates réunis aux Nations Unies à Genève que le chemin était encore long pour que chaque enfant ou adolescent en situation de rue puisse pleinement jouir de ses droits : la non-discrimination, l'intérêt supérieur de l'enfant, le droit de vivre, survivre et se développer, le respect de ses opinions... alors que la Convention relative aux droits de l'enfant a été adoptée le 20 novembre 1989 !
« Au Pérou, pour accéder à une formation professionnelle, les jeunes doivent avoir terminé leurs études secondaires et/ou être majeurs, détaille Jorge Roldan del Solar. Beaucoup y renoncent car le niveau de discipline et de connaissances demandé est trop élevé pour eux, ou parce qu’ils ne peuvent pas concilier études et petits boulots pour les financer. Sans réelles qualifications, ils se retrouvent à la rue, victimes d’abus et d’exploitation ou employés dans des métiers dangereux, la mine notamment. Alors que si l'État nous permettait de leur accorder non pas un diplôme officiel - il est le seul à pouvoir le faire - mais un certificat attestant de leurs expériences et de leur sens des responsabilités dans nos ateliers, les jeunes en situation de rue auraient plus de chance de trouver un emploi et moins de se faire exploiter ou d'être maltraités physiquement ou moralement. Avec un peu plus de flexibilité et de reconnaissance, nous pourrions grandement faire avancer les choses. Comme tous les enfants et les adolescents du monde, les jeunes Péruviens en situation de rue doivent pouvoir vivre dignement dans la société. Ils sont l’avenir et « les mains de Cusco », Qosqo Maki en langue quechua. » « À Qosqo Maki, j'ai appris la patience, conclut Erick. Et, à Genève, les diplomates nous ont félicités pour nos deux rapports... alors. »
J'ai vécu dans la rue, de 2012 à 2013, en vendant des bonbons jusqu'au jour où un autre enfant m'a entraîné au centre de Qosqo Maki. Au bout de trois ans, j'ai accepté de retourner au collège, de travailler en menuiserie avant d'avoir un coup de cœur pour la boulangerie. Aujourd'hui, je suis une formation en gastronomie, je rêve d'ouvrir mon restaurant et pourquoi pas travailler comme éducateur à Qosqo Maki. Je veux aller de l'avant et aider les enfants des rues comme on m'a aidé.Michaelancien jeune en situation de rue, accueilli et accompagné par Qosqo Maki
Qosqo Maki pour le présent et l'avenir des jeunes péruviens
Pour se faire entendre des autorités locales, nationales et internationales, notre partenaire Qosqo Maki, association péruvienne créée en 1990, noue des relations privilégiées avec d'autres associations œuvrant auprès d'enfants et d'adolescents en situation de rue, et défendant leurs droits. Elle se mobilise également le 12 avril lors de la Journée internationale des enfants en situation de rue, et le 20 novembre pour la Journée internationale des droits de l’enfant.