Au Maroc, comme dans beaucoup d’autres pays, les femmes ont encore de la difficulté à accéder aux mêmes formations que les hommes. En effet, elles sont très souvent dissuadées d’entreprendre une formation traditionnellement perçue comme étant masculine. Au sein des projets que nous menons avec nos partenaires, nous cherchons à dépasser ces stéréotypes de genre en laissant l’opportunité aux femmes de choisir librement le domaine professionnel dans lequel elles désirent se former. Cette approche inclusive est notamment mise en place au sein de nos structures partenaires du projet « Najah », qui soutient les jeunes dans leur réinsertion professionnelle.
Khadija, une jeune femme accompagnée par notre partenaire L’Heure Joyeuse, a décidé d’intégrer une formation de mécanique automobile. Elle nous livre son témoignage.
- Que fais-tu ici ?
C’est une belle expérience ici. Avant je ne connaissais pratiquement rien sur la voiture, ce qu’il se passe dedans, les composants, etc. Mais une fois sur place j’ai entendu parler de la formation automobile et j’ai été intéressée. Ensuite j’ai commencé les cours, avec les stages et les travaux pratiques et je suis maintenant mieux placée pour connaitre ce qu’un technicien peut faire pour une voiture.
- Que faisais-tu avant ?
Avant j’étais dans le domaine de l’hôtellerie, qui est un domaine purement pour les femmes ou les filles, mais quand j’ai su que cette formation était purement homme, j’ai apprécié et j’ai voulu franchir le pas vers un domaine masculin.
- Est-ce facile de travailler avec presque que des hommes ?
C’est le respect qui est primordial, s’il y a du respect et qu’on travaille comme étant égaux entre hommes et femmes, il n’y a pas de souci.
- Qu’est-ce que tes amies pensent de ça ? ont-elles été surprises ?
Oui elles étaient choquées et surprises, ce n’est pas évident. « Est-ce que tu as un caractère masculin en quelque sorte, c’est pour cela que tu as choisi d’être dans un tel métier ? ». Mais elles ont oublié que la femme peut tout faire, elle peut même exceller plus qu’un homme.
- Qu’est-ce que tu as le plus apprécié en venant à l’Heure Joyeuse ?
L’accompagnement et la confiance qu’on a instaurée entre nous, et en même temps si on veut lâcher, l’Heure Joyeuse ne lâche pas. L’Heure Joyeuse ne peut pas lâcher les jeunes, donc si on s’absente une seule journée, ils appellent et on se sent forcés de tenir plus dans la formation.
- Quel est ton rêve ?
Créer mon propre projet et faire travailler avec moi d’autres personnes. Bien sûr quand j’aurai mon diplôme, de l’expérience, pourquoi pas avoir mon projet propre à moi : un garage.
- Est-ce que ta famille t’a accompagnée dans ce choix ? était-elle d’accord ?
Il faut être fort de caractère, fort de personnalité pour arriver à ton rêve. Certes la famille n’était pas d’accord, tout le monde essaye de te dire non, c’est un métier masculin, tu ne peux rien faire là-dedans, mais il faut être fort pour arriver et ne pas rester au même stade. Et moi, je suis forte et heureuse.
L’histoire de Khadija est un bel exemple qui montre qu’avec les moyens nécessaires, les jeunes femmes peuvent accéder à des univers qui ne leurs sont habituellement pas réservés. Nous nous engageons à continuer nos efforts pour permettre à chaque jeune que nous accompagnons de s’épanouir et se réinsérer durablement dans la société.
Le projet Najah : chiffres clés 2023
- 1'067 jeunes ont été accueillis au sein des dispositifs d’orientation et d’insertion (557 hommes et 510 femmes)
- 401 jeunes ont participé à la formation en entrepreneuriat (219 hommes et 510 femmes)
- 41 jeunes ont lancé leur activité économique autonome (16 hommes et 25 femmes)