Journée internationale des enfants en situation de rue

Le 12 avril, Journée internationale des enfants en situation de rue, et le 13 avril, la Fondation Apprentis d’Auteuil International conjointement avec la Direction International d’Apprentis d’Auteuil, organise à Genève des conférences retransmises en ligne sur le thème « De l’exclusion vers l’inclusion : quelles perspectives d’avenir pour les enfants en situation de rue ? » Jean Dzéné, responsable du programme Enfants en situation de rue et Stratégie, et Dedho, 27 ans, qui a connu la rue en France, témoignent.

 

Pourquoi organisez-vous des conférences autour de la Journée internationale des enfants en situation de rue ?

Pour marquer le coup ! Faire comprendre que la question des enfants en situation de rue doit revenir au centre des préoccupations des États et de l’ONU. Nous ne devons plus fermer les yeux ! Car, même si sur le terrain, les acteurs concernés mettent en œuvre tous les moyens dont ils disposent, le nombre d’enfants en situation de rue ne régresse pas.
De plus en plus de jeunes, de 6 à 18 ans et au-delà, sont victimes de violences intrafamiliales. Ces violences les conduisent à la rue qui ne leur offre pas une vie paisible. Même s’il existe une forte solidarité, c’est rude de vivre dans la rue ! Chacun doit faire sa place souvent par la violence physique, sexuelle… Et, quand les enfants réussissent à être accueillis dans des structures, les équipes très peu nombreuses, parfois insuffisamment formées, malgré leur bravoure, ne parviennent pas à tout gérer. 

 

Ces enfants en situation de rue, combien sont-ils ?

Les études sont anciennes car les moyens de les financer manquent ! En 2005, l’UNICEF les estimait à 100 millions à travers le monde. À Antananarivo à Madagascar, ils seraient 23 000. A Kinshasa, en République démocratique du Congo, nous les estimons à 20 000. Or, pour traiter une problématique, il faut connaître son ampleur !
À titre d’exemple, en 2021 Apprentis d’Auteuil a pu mener une étude sur « La situation socio-anthropologique des enfants en situation de rue à Madagascar ». Pour savoir ce que vivaient les enfants et quelles étaient leurs préoccupations afin d’y répondre au plus près. Nous aimerions dupliquer cette étude dans d’autres pays. Et plus que jamais prendre le parti des jeunes. Pour porter haut et fort les défis qu'ils doivent relever au quotidien et les solutions qu’Apprentis d’Auteuil et ses partenaires en Afrique, en Amérique latine et en Asie, mettent en œuvre pour leur avenir.
La Convention internationale des droits de l’enfant ratifiée par tous les États du monde, excepté les États-Unis, doit être appliquée et doit répondre aux besoins fondamentaux (logement, nourriture, protection, etc.) des enfants. 

 

Qu’attendez-vous de ces conférences ?

À Genève, nous allons donner la parole aux enfants, soit en présentiel soit à distance via des vidéos pré-enregistrées. Tout le monde - diplomates, société civile, jeunes - doit entendre la voix de ces garçons et de ces filles. Nous voulons interpeller les Nations Unies : elles doivent demander des comptes aux États qui ont ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant. Les États doivent également débloquer des fonds pour mieux accueillir et accompagner les enfants et les familles.
Avant, on pensait que la problématique des enfants en situation de rue ne touchait que les pays pauvres.

Aujourd’hui, on se rend compte en Europe que de plus en plus d’enfants vivent en situation de rue. Nous sommes face à une problématique sociale et sociétale qui prend de plus en plus d'ampleur. Si rien n’est fait, l'avenir de beaucoup d'enfants à travers le monde sera compromis. C’est une urgence : aucun enfant ne doit être laissé à la rue ! Cela doit éveiller nos consciences !

 

Dedho, 27 ans : « Les jeunes représentent la relève. Ne nous oubliez pas ! »

À 27 ans, Dedho témoigne de la précarité des jeunes. Et invite l’État à se mobiliser.
« J’ai grandi tout seul avec ma mère. J’avais un père violent qui s’est barré à un moment. Du coup, j’ai décroché à l’école et je me suis retrouvé dans la rue vers 14 ans puis vers 18 ans. Je dormais là où je pouvais. Je mangeais quand je pouvais ce que je pouvais. À 19 ans, je ne me projetais pas du tout. Pour moi, c’était limite risible de m’imaginer à 30-40 ans, avoir une vie comme un autre. Je me sentais regardé comme un indésirable. Souvent, on me faisait déguerpir de l’endroit où j’étais. Il n’y avait aucun endroit où j’étais bien, où j’étais accepté, où je pouvais m’établir, où je me sentais chez moi. Le déclic ? J’ai eu mon premier logement, ce qui m’a permis d’acquérir un peu de stabilité et surtout une hygiène de vie, un rythme. Ce cercle vertueux m’a tiré vers le haut. Petit à petit. Pour moi, en France, l’État devrait faire un pas en direction de la jeunesse. Car les jeunes représentent la relève. Ne l’oubliez pas ! »

« De l’exclusion vers l’inclusion : quelles perspectives d’avenir pour les enfants en situation de rue ? », les conférences interactives en présentiel à Genève et en ligne sont organisées le 12 avril de 18h30 à 20h et le 13 avril de 16h30 à 20h.