Ce 20 novembre, nous fêtons les 33 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée en 1989. Traité international le plus ratifié de l’Histoire, ce texte contraint les Etats parties à créer et appliquer des lois et politiques publiques mettant en œuvre les droits de l’enfant qu’il consacre. Cette journée est l’occasion de réaffirmer le caractère universel, indivisible et inaliénable de ces droits : TOUS les enfants en sont titulaires, et aucun de ces droits ne peut pleinement être exercé sans les autres.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Porter atteinte à l’un des droits fondamentaux des plus jeunes n’est pas anodin, et peut avoir des effets dévastateurs pour l’enfant, y compris dans sa vie d’adulte. Les répercussions successives de chacune de ces atteintes peuvent être comparées à l’effet domino : un mineur qui n’accède pas à l’un de ses droits voit ses chances d’exercer les autres fortement diminuées, voire même parfois, réduites à néant.
C’est ce que nous démontrent les expériences de nos partenaires de terrain.
Si le droit à l’identité consacré à l’article 8 de la CIDE est reconnu par 196 Etats du monde, nombreux sont ceux ne lui donne pas corps. En effet, 1 naissance sur 4 n’est pas enregistrée dans le monde. Dans des sociétés où l’administratif jalonne chacune de nos actions, un bout de papier de plus pourrait sembler futile, et pourtant… ne pas disposer d’un certificat de naissance est lourd de conséquences. A Madagascar par exemple, les 2,5 millions d’enfants sans cet acte ne sont reconnus ni administrativement, ni politiquement, ni juridiquement. Ils ne peuvent, sans ce simple document, s’inscrire à l’école, accéder à un emploi légal, passer le permis de conduire, ouvrir un compte bancaire, voter…
Le droit à l'éducation est également reconnu unanimement. La CIDE (article 28) précise qu’il ne s’agit pas d’un luxe, mais d’un droit fondamental permettant de sortir de la pauvreté, de niveler les inégalités et de garantir un développement durable. En conséquence, dans de nombreux pays, l'éducation est prétendument gratuite. C’est sans compter sur les coûts collatéraux à l’inscription, comme les fournitures scolaires, les transports, la cantine, l’uniforme parfois... Il en découle qu’un enfant scolarisé est souvent synonyme de perte d'argent pour les familles pauvres. Au Pérou, 12% des enfants quittent l’école avant 13 ans, et 17% de ceux qui restent n’iront pas au bout de l’école secondaire. Pourquoi ? Beaucoup n’ont d’autre choix que de travailler pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, tirant du même coup un trait sur l’éducation scolaire, mais également alimentaire, sanitaire, civique, environnementale… Leurs perspectives d’avenir sont alors considérablement réduites.
Tous les enfants du monde ont aussi le droit de jouir du meilleur état de santé possible et donc d'accéder aux services dédiés (article 24 de la CIDE). Les Etats du monde ont presque tous adopté des législations instaurant la gratuité de ces soins pour les mineurs. Néanmoins leurs dispositions restent trop souvent lettre morte. Au Congo, par exemple, de telles lois existent mais leur application laisse à désirer. En effet, pour que leurs enfants soient soignés, les familles doivent payer une cotisation aux centres de santé, et les soins restent payants et très onéreux. Les foyers modestes se passent donc de traitements, et ne peuvent parfois garder les plus fragiles à domicile. Les répercussions sont encore plus critiques pour les enfants en situation de rue qui se voient refuser l’accès aux centres de santé car ils n’ont de facto pas les moyens de régler leurs frais de santé. Il va sans dire que faire entendre sa voix, accéder aux loisirs, ou réussir à l’école est extrêmement difficile lorsque l’on est en mauvaise santé, de surcroît sans prise en charge ni traitement.
Aux côtés de nos partenaires, Graines de Bitume, Qosqo Maki, le REIPER et tant d’autres, nous accompagnons ces jeunes pour faire cesser les atteintes à leurs droits, surmonter les dommages qui en découlent inévitablement, et leur offrir un avenir plus prometteur.
Chaque droit compte : en négliger un, c'est risquer de les voir tous violés.
Ecouter les enfants, c’est soutenir leur droit à la participation et faire avancer leur condition pour que tous leurs droits soient respectés.
Nous avons tous un rôle à jouer pour que tous les enfants puissent jouir de leurs droits et devenir les adultes libres et épanouis de demain.