Journée Internationale des Droits de l'Enfant : "Avec les enfants, l'avenir se bâtit aujourd'hui"

A l’occasion de la 32e Journée internationale des droits de l’enfant, nous donnons la parole à Yacouba Sylla, un travailleur social de l’Association jeunesse et développement du Mali (AJDM), notre partenaire international au Mali.

Notre engagement avec l’AJDM

L’Association Jeunesse et Développement du Mali (AJDM), œuvre pour la protection des jeunes vulnérables depuis 1995 dans diverses régions du pays. Leurs actions portent, entre autres, sur la planification familiale, l’alphabétisation, le dépistage, la prise en charge médicale des IST des enfants et familles vulnérables mais aussi des filles migrantes sans domicile, malades ou ayant contracté une grossesse non-désirée.

Depuis plusieurs années, la Fondation Apprentis d’Auteuil International et l’AJDM ont développé un partenariat avec comme objectif principal de protéger les jeunes filles mères maliennes ou migrantes et leurs enfants ainsi que d’offrir à ces jeunes femmes une formation professionnelle digne assurant leur réintégration dans la société.

Aujourd’hui, Yacouba Sylla témoigne de son travail au sein de l’AJDM, focalisé sur les jeunes migrants isolés d’Afrique de l’Ouest qu’il soutient dans l’objectif qu’ils puissent un jour regagner leur pays d’origine. Interview.

En quoi consiste votre travail à Bamako au sein de l’association AJDM ?

Je supervise depuis 4 ans un centre d’accueil pour migrants accueillant un quart de jeunes mineurs, pour beaucoup non accompagnés (MNA), qui souhaitent regagner leur pays d’origine. Ils nous sont confiés par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), dépendant des Nations Unies, basée à Gao. Ma mission est de les assister matériellement et de les accompagner dans leurs démarches administratives pour leur permettre, à terme, de retourner chez eux.

Qui sont ces jeunes Mineurs non accompagnés ?

Ce sont des mineurs de 13 à 18 ans, issus de familles très pauvres originaires de Guinée, Côte-d’Ivoire, Sénégal, Gambie et parfois de la Sierra Leone, du Liberia ou encore du Cameroun. Tous ont eu une enfance difficile, sans éducation scolaire ou ont quitté prématurément l’école. Au bout du compte, privés de perspectives, ils endossent le rôle de « personne ressource » pour leur famille, en acceptant de quitter leur pays en direction de l’Europe, dans l’espoir d’y trouver un travail et subvenir aux besoins de leurs proches.

Mais leur voyage tourne court…

En effet, sur les routes de la migration, ces jeunes sont victimes de toutes sortes de violences et d’abus. Traverser le désert pour le Maghreb, dans l’hypothèse incertaine de gagner l’autre rive de la Méditerranée, est une épreuve à laquelle peu sont préparés. Finalement, à court d’argent, épuisés et parfois malades, ils renoncent et acceptent, une fois pris en charge par l’OIM, de revenir sur leurs pas.

Comment œuvrez-vous à la défense de leurs droits fondamentaux ?

A l’AJDM nous accompagnons des jeunes en transit, accueillis chez nous entre une semaine et deux mois, dans l’attente de leurs documents administratifs. Si nous ne défendons pas à proprement dit leurs droits fondamentaux, nous leur offrons, le temps de leur séjour, ce à quoi tout enfant doit pouvoir prétendre : un toit, une aide alimentaire et un accès aux soins.

Quel sens revêt pour vous la Journée internationale des droits de l’enfant ?

C’est pour moi un espace qui permet aux jeunes et à tous ceux qui les accompagnent de parler au monde pour rappeler que, d’où qu’il vienne, quelle que soit son histoire, tout enfant a des droits inaliénables. Le respecter, c’est aider à faire grandir en lui l’adulte qu’il sera demain. Parce que l’avenir, se bâtit aujourd’hui.