Activités avec les enfants à OSEPER©HermanKambala

Journée internationale des droits de l'enfant : Kinshasa, redonner espoir aux enfants en situation de rue

Projet lié

Programme régional dédié aux enfants en situation de rue en Afrique centrale

Cameroun
République du Congo
République Démocratique du Congo

À Kinshasa, des milliers d’enfants en situation de rue vivent exposés à la violence, à l’exploitation et à l’exclusion. Alors que la Convention internationale des droits de l’enfant garantit à chacun protection et dignité, cette promesse demeure souvent hors d’atteinte pour ceux qui grandissent dans la rue. Privés de protection adaptée et confrontés à une insécurité constante, ces enfants subissent des violences physiques, psychologiques et sexuelles, renforcées par la stigmatisation et la faible reconnaissance de leurs droits. 

Face à ces réalités, la FAAI et ses partenaires lancent une campagne de sensibilisation à l’occasion du 20 novembre, Journée internationale des droits de l’enfant, autour du message : « Être protégé contre la violence, c’est un droit même dans la rue ! » Une mobilisation pour rappeler que chaque enfant a droit de grandir dans un environnement sûr, protégé contre toutes les formes de violence, y compris lorsqu’il vit en situation de rue. 

Dans le cadre de son programme régional en Afrique centrale, la FAAI agit aux côtés de ses partenaires locaux — le centre Vivre et Travailler Autrement (VTA) et l’Oeuvre de Suivi, d’Éducation et de Protection des Enfants de la Rue (OSEPER) — pour prévenir les violences et accompagner les enfants vers un avenir plus sûr. 

Rencontre avec Dorcas, anciennement en situation de rue, Solange, éducatrice au centre VTA, et John, infirmier et éducateur à OSEPER, qui témoignent des défis et des espoirs de cette mission au cœur de Kinshasa. 

Le centre VTA : un lieu de reconstruction pour les filles

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Dorcas, 20 ans©HermanKambala

A VTA, un centre dédié à l’accueil et à la réinsertion des jeunes filles, chaque parcours est une histoire de résilience
Le centre offre un hébergement sécurisé, un accompagnement psychologique, une remise à niveau scolaire et un suivi éducatif favorisant la réinsertion sociale. 

Dorcas, aujourd’hui âgée de 20 ans, a connu la violence et l’insécurité de la rue avant de retrouver un équilibre grâce à cet accompagnement. 

« Il n’y avait aucune sécurité. Nous subissions des violences, surtout nous, les filles, et nous étions confrontées à beaucoup de maltraitances et d’agressions. » 

Pour Solange, éducatrice au centre, la stabilité et l’écoute sont essentielles : « Les enfants sont traumatisés par ce qu’ils vivent dans la rue. Certains se perdent complètement… » 

Chaque jeune accueillie porte une histoire singulière, mais toutes partagent la même quête : retrouver leur place dans la société. Ici, les éducateurs jouent un rôle essentiel : ils accompagnent chaque jeune fille dans la reconstruction de son équilibre, soutiennent son parcours éducatif et l’aident à se projeter vers une réinsertion durable. Leur mission est d’offrir un environnement sécurisant, une écoute attentive et un accompagnement adapté, afin de permettre à chacune de retrouver confiance et d’avancer vers un avenir plus sûr. 

OSEPER : aller vers les enfants pour leur redonner confiance 

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John, éducateur à OSEPER©HermanKambala

Pour répondre à la détresse des enfants vivant dans la rue, OSEPER mène des maraudes quotidiennes afin de repérer, sensibiliser et accompagner les enfants directement sur les sites où ils se trouvent. 

John Lemba, infirmier et éducateur à OSEPER depuis 2006, décrit le quotidien des maraudes : « Nous sommes environ cinq personnes — infirmiers, éducateurs, psychologues et chauffeurs. Dès notre arrivée sur les sites, les enfants savent que nous venons et s’approchent de nous. » 

Mais créer ce lien demande du temps. Les enfants sont régulièrement chassés, déplacés par la police ou rejetés par les riverains, ce qui rend leur suivi complexe. Comme le rappelle John : « Il faut expliquer nos actions à chacun pour pouvoir travailler avec ces enfants. » 

Les maraudes ne se limitent pas à aller à la rencontre des enfants ; elles permettent d’apporter une réponse concrète et immédiate à leurs besoins : 

« L’objectif est de repérer les enfants, les sensibiliser, et les amener en ambulance si nécessaire. Nous identifions leurs problèmes pour trouver des solutions : s’il a une plaie, nous la soignons ; s’il a de la fièvre, nous la traitons ; s’il a besoin d’un chirurgien, nous préparons une lettre de transfert vers une autre institution de soins. » 

Au-delà des soins médicaux, la sensibilisation constitue une dimension centrale du travail : il s’agit d’aider les enfants à comprendre leurs droits, leur valeur, et les possibilités qui s’offrent à eux : « Nous montrons aux enfants l’importance de la société et comment y vivre. » Cette réalité rappelle l’importance de poursuivre sans relâche le travail de plaidoyer. Elle souligne combien il est essentiel de rappeler que les enfants en situation de rue sont avant tout des enfants, porteurs de droits et de rêves. 

Appel à la mobilisation

Dans le contexte de la Journée internationale des droits de l’enfant, il est crucial de rappeler que chaque enfant doit pouvoir grandir dans un environnement sûr et protecteur, y compris les enfants en situation de rue

En cette Journée internationale des droits de l'enfant, la FAAI et ses partenaires appellent à renforcer la mobilisation des États et des acteurs de la protection de l’enfance pour garantir une protection effective, coordonnée et inclusive de ces enfants. 

Être protégé contre la violence, c’est un droit. Même dans la rue.