Le REEJER, Apprentis d’Auteuil et la FAAI plaident à l’ONU en faveur des jeunes et des enfants les plus vulnérables en République Démocratique du Congo

La semaine dernière, à l’occasion de la pré-session de l’Examen Périodique Universel (EPU) de la République Démocratique du Congo (RDC) organisée par UPR-Info, deux représentants de notre partenaire local en RDC, le REEJER (Réseau des Educateurs des Enfants et Jeunes de la Rue), sont venus à Genève afin de porter la voix des jeunes et enfants les plus vulnérables de Kinshasa.

Les pré-sessions de l’EPU visent à offrir aux organisations de la société civile une plateforme de plaidoyer stratégique leur permettant d’aborder les questions de droits de l’homme qui affectent leur pays. Elles rassemblent des organisations de la société civile, les institutions nationales des droits humains ainsi que les Etats examinateurs afin d’influencer les recommandations qu’ils adresseront à l’Etat examiné lors de la session de l’EPU qui a lieu le mois suivant.

C’est dans ce cadre que Mme Marguerite Djokaba, Chef de projet au REEJER, a pris la parole mardi 2 avril devant près de 40 missions diplomatiques au Palais des Nations de l’ONU. Dans sa déclaration, elle a tout d’abord introduit le contexte actuel de la protection de l’enfance en RDC, et a ensuite présenté nos 4 recommandations en faveur de la protection des droits de l’enfant en RDC.  

En premier lieu, afin d’aborder le problème de manque de suivi permanent du respect et de la mise en œuvre de tous les droits des enfants en RDC, nous avons recommandé de garantir l’application effective de la loi du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, en particulier en assurant dès à présent et sans plus attendre, la signature du décret portant organisation et fonctionnement du Conseil National de l’Enfant et sa mise en œuvre en accord avec l’esprit de ladite loi.

En deuxième lieu, compte tenu de l’extrême violence, discrimination, marginalisation et abandon dont sont victimes les enfants accusés de sorcellerie, nous suggérons à l’Etat congolais de mener une campagne nationale de sensibilisation sur le phénomène des enfants dits « sorciers » auprès du grand public et des Églises de réveil, et d’assurer que les leaders religieux qui se livreraient à ce type d’incriminations soient punis.

Finalement, afin de remédier au manque d’accès à l’éducation et à la santé des enfants les plus vulnérables ainsi qu’au phénomène croissant de prostitution des jeunes filles vivant dans la rue et leur exposition aux violences sexuelles, aux IST ainsi qu’aux grossesses non désirées, nous avons soumis deux recommandations additionnelles au gouvernement congolais. Ainsi, nous lui demandons :

1)      D’une part, garantir dès à présent l’accès de façon inconditionnelle à l’attestation d’indigence pour les enfants les plus vulnérables, en particulier les enfants en situation de rue, permettant l’accès gratuit à l’éducation et à la santé.

2)      D’autre part, de mettre en œuvre des mesures spécifiques pour réduire les risques de santé liés aux grossesses précoces et pour assurer la réinsertion des jeunes filles mères dans le système éducatif.

A la suite de la pré-session, et tout au long de la semaine, Mme Djokaba et M. Rémy Mafu, Coordinateur du REEJER, se sont entretenus de manière bilatérale avec des représentants influents de 16 missions diplomatiques afin de les convaincre de reprendre nos recommandations.

De plus, M. Mafu a également pris la parole au nom du REEJER, d’Apprentis d’Auteuil et de la FAAI, lors d’un évènement parallèle organisé par la délégation de l’Union Européenne (UE), qui regroupait les représentants de la quasi-totalité des Etats Membres de l’UE et une vingtaine d’ONG. Nos recommandations ont été bien accueillies par toutes les délégations rencontrées, et particulièrement par celles dont les droits des enfants figurent parmi leurs priorités.

Même si le travail de plaidoyer international peut paraître abstrait pour certains et manquer d’impacts concrets immédiats, il est pourtant fondamental. En effet, « (…) le travail de plaidoyer, cela prend du temps. Lorsque l’on s’engage dans le plaidoyer, ce n’est pas pour avoir des résultats du jour au lendemain. Un jour, on allume le feu et jour après jour, on le maintient, on garde la même intensité. On continue de rappeler sans cesse nos préoccupations et un jour, on obtient les résultats. (…) Avec cette opportunité de l’EPU, nous y voyons là encore un espoir : bien que ce n’est pas un mécanisme contraignant, cela reste un moyen pour nous de rappeler constamment à l’Etat congolais nos revendications pour améliorer la situation des enfants. » (Marguerite Djokaba, REEJER).

La session de l’EPU de la RDC aura lieu le 7 mai prochain à l’ONU. La FAAI sera présente afin de suivre les recommandations soumises à la RDC et assurer un suivi instantané avec les délégations rencontrées qui auront repris nos recommandations. Enfin, l’Etat se prononcera sur l’acceptation des recommandations reçues, au plus tard, lors de l’adoption du rapport final de l’EPU à la 42ème session du Conseil des droits de l’homme en septembre 2019. Cette session sera une nouvelle opportunité pour la société civile de prendre la parole dans le cadre de ce troisième cycle de l’EPU de la RDC afin de partager son bilan de l’examen.

 

Information photo: Les représentants du REEJER et de la Fondation Apprentis d’Auteuil devant le Palais des Nations à Genève lors de la pré – session de l’EPU. De gauche à droite : Marguerite Djokaba, Rémy Mafu, Claire-Marie Braguier, Laura Hendricksen